CHAPITRE IX

Avec l’aide de Vancia, Aldren traîna péniblement le cadavre jusque sur le surplomb où son squelette pourrait se dessécher en toute quiétude. Bien entendu, avant de l’y abandonner, il fouilla ses vêtements et les inspecta consciencieusement mais sans découvrir le moindre papier ni la moindre marque. Il s’y attendait du reste ; ce genre de personnage porte rarement sur lui sa carte d’identité. Cette vérification négative accomplie, il lança le moteur du tracteur chenillé, hissa la jeune fille près de lui sur le siège, pointa le capot vers l’aval du torrent. Arrivé à la hauteur de la petite clairière, il continua, le ruisseau devait logiquement aboutir dans le lac, ce serait moins fatigant que de retraverser à pied la forêt ; si le méchant avait cru bon de le faire, c’était parce que l’embouchure était en vue du chalet et que l’effet de surprise aurait risqué de louper. Sur le rivage, Vancia et lui mirent pied à terre, puis Aldren embraya à nouveau le véhicule, le regarda s’engloutir.

— Nos petits copains tiennent à laisser le moins possible de traces, murmura-t-il. Faisons comme eux…

Au bord de l’eau, le parcours était en effet beaucoup plus facile, un quart d’heure suffit pour atteindre la plage où le rov attendait patiemment. L’agent spécial alla récupérer le pistolet thermique du chef inspecteur, revint aider Vancia à monter à bord de l’aéronef, décolla.

— Pourquoi n’as-tu pas téléphoné à Karyl pour lui dire ce qui s’était passé ? interrogea la jeune fille quand le pilote eut mis le cap sur Anésia. Il aurait peut-être préféré venir nous rejoindre ici et aller tout de suite voir de près ce nouveau cadavre ? Après tout, il nous avait donné le power-block pour qu’on puisse se servir de l’émetteur.

— Il y a aussi un transmetteur sur le rov, nous n’avions pas tellement besoin de l’autre. Mais nous n’en sommes plus à une demi-heure près maintenant ; du reste, la première chose à faire dès notre arrivée sera d’aller voir Nils. Il nous a dit de ne plus le déranger tant que nous n’aurions pas quelque chose de nouveau à lui offrir, il va être servi. Le colosse noiraud qui t’avait enlevée n’est indiscutablement ni Max ni Waldo, n’est-ce pas ? Notre commissaire devra bien admettre qu’il y a réellement d’autres personnages dans l’affaire.

Nils reçut le couple de très bonne grâce et sans le faire attendre. Il écouta avec une attention soutenue l’exposé complet des derniers événements en repartant de la découverte du véritable chalet de Waldo pour enchaîner sur la proposition de Karyl et ce qui s’en était suivi. Quand le récit fut terminé, le commissaire demeura un instant silencieux, sourcils froncés, releva la tête pour plonger son regard droit dans les yeux de l’agent spécial. Posa la question que ce dernier attendait.

— Vous dites que l’homme a tiré d’abord sur Mlle Vancia et ensuite sur vous. Comment se fait-il que vous ayez si rapidement repris conscience et que vous ayez pu aussitôt vous lancer sur ses traces ? J’admets facilement que pour elle il ait employé une très faible dose, juste ce qu’il fallait pour l’emporter au travers des bois ; il voulait la questionner le plus tôt possible. Mais en ce qui vous concerne, son intérêt était de vous éliminer le plus définitivement possible. Vous étiez un témoin gênant et par-dessus le marché un concurrent dangereux pour la possession du brevet.

Comme chaque fois qu’il mentait, Aldren ouvrit de grands yeux limpides et répondit sans hésiter avec un accent d’indéniable franchise.

— C’est bien ce que j’ai pensé moi-même, commissaire. Je suis certain qu’il a dû pousser le curseur au maximum avant de tourner le sidérateur dans ma direction. À mon avis, voici ce qu’il s’est passé : j’ai dû faire involontairement un écart à l’instant précis où il appuyait sur la détente. Le faisceau m’a seulement frôlé au lieu de me toucher en plein. C’est bien d’ailleurs ce qui prouve qu’il avait mis toute la sauce, car cette simple frange du rayon a suffi pour m’expédier au tapis ; je ne serais certainement plus de ce monde sans cette heureuse coïncidence. Comme il m’a vu tomber, il a cru avoir atteint le but et n’a pas éprouvé le besoin de donner le coup de grâce.

— Vous avez énormément de chance, Aldren…

— Toujours, commissaire. C’est bien pour ça que je suis encore là.

— Tant mieux. Il semble aussi que cette chance est intervenue une deuxième fois lors de votre close-combat avec le bandit. D’après votre description, il devait peser au moins quarante livres de plus que vous… Vous devez être aussi un redoutable virtuose des arts martiaux. C’est assez étonnant de la part d’un simple fonctionnaire du Bureau des brevets fédéraux.

Aldren avait en effet évité de parler de la cause réelle de la mort de son antagoniste ; les choses étaient déjà assez compliquées comme cela. Toutefois il perçut la note de suspicion à peine voilée présente dans la voix de Nils et s’empressa de se justifier.

— Je crois le moment venu de vous dire toute la vérité, commissaire. Mais je vous prie instamment de ne répéter absolument à personne cette confidence. Nos accréditifs du Bureau des brevets sont authentiques et je suis bien chargé de retrouver le dossier de l’invention de Waldo aux fins d’enregistrement légal. Mais ce n’est que l’aspect officiel de ma vraie mission. En réalité, je suis un agent secret des Forces Spatiales de la Fédération, j’appartiens à la Branche Action. Récupérer le dossier et le ramener à bon port est une chose ; l’empêcher de tomber en d’autres mains en est une autre bien plus importante. Avez-vous réalisé tout ce qu’implique cette découverte ? Un très grand progrès dans le domaine de la navigation spatiale, par exemple, mais qui pourrait aussi devenir une arme effroyable contre laquelle aucune parade n’est concevable.

Nils hocha lentement la tête.

— Merci de votre confiance, fit-il. Je suppose qu’en parlant d’autres mains, vous pensez à l’empire de Jiir. Il existe un traité de non-agression entre ce vaste groupe de planètes du Sagittaire et la Fédération des Planètes Unies, mais il va de soi qu’un tel pacte n’est valable qu’autant que les forces sont à peu près égales ; une soudaine supériorité pourrait tout changer… Par ailleurs, Anésia se trouve sur la route directe en partant du Centaure ; en cas de conflit nous serions en première ligne… Vous pouvez compter sur mon aide sans réserve, Aldren.

Le « trouble shooter » retint un soupir de soulagement. Au fond, l'« aveu » qu’il venait de faire était, de tous ses mensonges successifs, celui qui était le plus proche de la vérité – il avait craint un moment que Vancia à qui il avait offert une version différente ne trahisse son étonnement, mais elle avait eu la sagesse de se taire. En tout cas il avait à nouveau reconquis ses coudées franches et la collaboration ouverte des autorités locales. Du reste, le patron de la Protection Civile se mettait incontinent à l’œuvre.

— La première chose à faire, déclara-t-il, est d’aller récupérer le corps que vous avez laissé dans le défilé, les spécialistes s’efforceront de déterminer son origine. Je convoque immédiatement Karyl, vous l’accompagnerez sur place.

Il se mit en communication avec le bureau du district central puis, après une brève conversation, pressa une autre touche. Coupa finalement le contact, releva sur Aldren un regard déconcerté.

— Vous m’aviez bien précisé qu’il attendait votre appel ?

— C’était son propre plan. Demeurer à l’écart prêt à intervenir dès que le poisson mordrait à l’hameçon. Il n’était plus à son poste ?

— Non. Il en est parti il y a deux heures environ en disant à sa secrétaire qu’il avait découvert quelque chose de très important et qu’il devait aller prendre un rov pour s’en occuper immédiatement. J’ai appelé le terrain qui m’a confirmé son décollage.

— Vers le lac ?

— Voilà précisément où ça se gâte. Le contrôleur de service à la tour a suivi des yeux l’appareil. Il se dirigeait nettement plus à gauche. Ça ne signifie rien, bien sûr ; il voulait peut-être contourner le bassin pour revenir par un autre côté, discrètement et à très basse altitude… Ce qui m’étonne c’est qu’il ne m’ait pas informé de sa brusque décision.

— Pourquoi l’aurait-il fait ? remarqua ironiquement Aldren. Ne lui aviez-vous pas ordonné, ainsi qu’à moi-même, de ne plus vous déranger tant qu’il n’apporterait pas un élément positif pour l’enquête ? Il est allé le chercher.

— C’est juste, mais tout de même… Quel est votre avis, Aldren ? Attendre son retour ou rassembler toute l’équipe et recommencer un ratissage pour essayer de le retrouver ? La direction est très imprécise et l’après-midi s’avance…

— Sans compter que l’arrivée massive de vos rovs, si par hasard ils tombaient pile, pourrait ne pas être souhaitable pour lui. Il n’a dit à personne où il allait, ni à son bureau ni au terrain, ce n’était sûrement pas un simple oubli de sa part ; ça laisserait penser au contraire qu’il estimait qu’il n’avait une chance de réussir que s’il était seul ; le gibier s’effarouche facilement quand les chasseurs sont trop nombreux et trop bruyants. Je suis pour l’expectative. S’il n’a pas donné de ses nouvelles d’ici l’aube, il sera temps de découpler la meute… Vancia et moi regagnons la villa de Waldo, téléphonez-nous dès que vous saurez quelque chose.

— D’accord. Oh ! j’ai failli oublier ! J’ai reçu ce matin un hypergramme qui vous est destiné ; je m’excuse de l’avoir ouvert, il portait mon adresse avec prière de transmettre…

Nils tendit à Aldren la feuille jaune dont celui-ci prit rapidement connaissance.

« Je vais mieux grâce au docteur Nysko, tu avais raison de me le recommander. Bons baisers. Tante Sheila. »

— Chère vieille tante…, sourit l’agent spécial. Je suis vraiment très heureux de cette bonne nouvelle ; j’étais certain d’ailleurs que ce toubib la tirerait d’affaire. Excusez-moi de vous avoir mis ainsi à contribution pour mon courrier, j’ignorais en arrivant ici où je logerais…

— Mais pas du tout, mon cher ami ! Vous avez très bien fait.

* *
*

À la villa, en début de soirée, le couple reçut encore la visite de Borgar, l’obligeant voisin venu une fois de plus s’assurer si ses protégés ne manquaient de rien. Comme d’habitude, l’entomologiste affirma qu’il ne faisait que passer, voulut repartir aussitôt, mais Aldren décida de faire preuve d’hospitalité et le retint à dîner, ce qui après tout était la moindre des politesses envers un homme si courtois. Se méfiant des fantaisies de Vancia, il veilla personnellement à la préparation du repas, sélectionna les meilleurs vins de la cave et fit ensuite tout son possible pour créer une atmosphère chaleureuse et détendue. Se laissant gagner lui-même par l’ambiance, il se montra plus loquace que d’habitude et, oubliant toute réserve, alla jusqu’à raconter dans son ensemble l’affaire pour laquelle il était venu à Anésia.

— Je n’ai pas encore mis la main sur ce fameux dossier, conclut-il, mais en attendant j’ai trouvé quelque chose qui pour moi vaut infiniment plus. Quelque chose qui s’appelle Vancia. Que valent toutes les spéculations de la physique transcendantale à côté de l’amour d’une fille aussi adorable ?

— On prétend que l’amour est une folie, répondit Borgar de sa belle voix barytonante, mais en réalité c’est la seule véritable sagesse ; vous êtes donc un sage, Aldren. Quant au reste, il viendra peut-être de lui-même, je vous le souhaite en tout cas…

— Je l’espère, évidemment. Puisque je suis en veine de confidences, ce soir, je vais vous en faire encore une autre : j’aimerais que, si cela se produit, vous soyez l’un des premiers à le savoir. N’avez-vous pas été également au tout début de cette dramatique histoire, puisque c’est vous qui avez donné l’alerte lors de l’explosion du laboratoire ? Que vous assistiez à la conclusion ne sera que justice. Acceptez-vous ?

— Ma foi, j’avoue que la curiosité est, de tous mes péchés, celui dont je n’ai jamais réussi à me défaire. Appelez-moi, je viendrai…

* *
*

La nuit s’écoula sans que plus personne ne vînt troubler les amoureux, il en fut de même pour la plus grande partie de la matinée. Midi approchant, Aldren commença à s’inquiéter, ce silence devenait anormal. Si Karyl n’avait pas donné de ses nouvelles avant la fin de la nuit, les équipes aériennes avaient dû entreprendre leurs recherches dès le lever du soleil, donc depuis plusieurs heures déjà ; si elles n’avaient encore rien trouvé, le pronostic devenait pessimiste. On pouvait évidemment décider le quadrillage général des quelque quatre-vingts millions de kilomètres carrés du continent, quitte à y passer deux ou trois mois, mais ça n’aurait plus aucun sens. Le type qui avait enlevé Vancia n’avait pas parcouru cinq ou six mille kilomètres à bord de son tracteur pour venir dresser une embuscade près du chalet ; l’autre, le mort de la cabane, non plus. Tout se passait dans un rayon restreint à partir du bassin des lacs. Chercher ailleurs était perdre son temps et sa peine. Nils devait bien s’en rendre compte, pourquoi se taisait-il ?

Il avait simplement préféré ne pas se servir du téléphone mais venir en personne annoncer à Aldren et à sa compagne les résultats de l’opération sauvetage qui avait du reste parfaitement réussi. Le chef inspecteur de la Protection Civile était un peu abîmé mais vivant. Le commissaire débarqua de son ramp juste à l’heure de l’apéritif ; bavarder devant un glass bien frais était visiblement une habitude qui lui était chère…

— Nous l’avons retrouvé ! émit-il gaiement. Sans même avoir besoin de sortir toute l’escadre ; il avait réussi à rétablir le contact en fin de nuit.

— Il vous a appelé par le moyen du communicateur de son rov ? Il aurait pu le faire plus tôt.

— Pas le communicateur, mais l’émetteur auxiliaire de S.O.S. Mais si je commence par la fin, vous n’allez rien comprendre. Il vaut mieux que je vous raconte l’histoire depuis le début.

Après avoir vidé son verre et repris haleine, Nils débuta d’une voix plus posée.

— Mon cher Aldren, vous disiez hier que la chance était votre meilleure alliée et il semble bien que cette protection se soit étendue jusqu’à Karyl. Pendant qu’il attendait dans son bureau votre appel qui ne venait pas et pour cause, il a voulu calmer son impatience en jouant avec son récepteur H.F. et en balayant au petit bonheur les gammes d’ondes. Le hasard a voulu qu’il intercepte une communication ; quelqu’un disait : « on tient la fille, elle parlera…» Il a aussitôt essayé de vous appeler au chalet mais vous ne répondiez pas. Comme d’autre part son récepteur était muni d’un système de repérage directionnel, il a aussitôt décidé de foncer ; vous savez que c’est un impulsif. Il a décollé droit sur l’axe à bord d’un de nos rovs et, arrivé à une trentaine de kilomètres à droite du grand lac, il a aperçu dans une grande clairière une sorte d’abri de plastique camouflé qui n’avait rien de commun avec une cabane de forestier. Il n’a d’ailleurs pas eu le temps de l’examiner davantage, la sustentation de son appareil a été brusquement coupée net ; nous avons établi depuis que les disques antigravs du rov avaient été court-circuités par un faisceau positonique à très haute intensité. Dans les unités de vos Forces Spatiales, les sustentateurs sont protégés contre ce genre d’attaque par des champs de neutralisation, mais Anésia est un monde paisible, l’idée ne nous est jamais venue d’équiper nos véhicules de tourisme du lourd, encombrant et coûteux appareillage nécessaire.

— Tout arrive… Le rov a donc été proprement abattu ?

— Le crash était inévitable ; il aurait même pu se passer sans trop de dégâts s’il n’y avait pas eu dans la trajectoire un ravin caché par un bouquet d’arbres. Le choc a été très sérieux, l’habitacle s’est mis en accordéon et Karyl a eu la jambe fracturée par le tableau de bord. Sur le moment il s’en est à peine aperçu ; il a réussi à se dégager et à parcourir deux ou trois cents mètres vers la clairière. Il était fou de rage !

C’était certainement ce qui le soutenait. À découvert, il a vu deux hommes qui couraient vers lui avec des pistolets, il n’a pas hésité à tirer le premier avec son thermique et les a abattus tous les deux. Ensuite la douleur a été la plus forte ; il s’est évanoui. Quand il est revenu à lui des heures plus tard, il s’est péniblement traîné jusqu’à la carcasse du rov. Le communicateur était en miettes mais pas le « bip bip » de secours. Malheureusement le circuit d’alimentation était coupé ; Karyl a encore dû se battre avec les fils et les raccorder à la seule batterie à peu près intacte ; il faudra que nous songions sérieusement à étudier un système d’alimentation autonome… Je vous laisse à imaginer ce que notre ami a pu endurer comme souffrances dans l’état où il était avant de réussir à nous alerter…

— Le pauvre garçon ! s’exclama Vancia d’une voix compatissante. Il s’en tirera ?

— D’ici demain il sera sinon complètement sur pied, du moins en bonne voie de rétablissement. La fracture était assez franche, les chirurgiens ont ressoudé artificiellement l’os, pansé la plaie et posé une gaine extérieure de soutien. Il boitera pendant quelques jours jusqu’à consolidation mais ensuite il pourra courir comme avant.

— Qu’avez-vous trouvé sur place ? interrogea impatiemment Aldren.

— Un abri démontable pour plusieurs personnes et pas mal de matériel, le tout de conception étrangère bien que sans marques d’origine. Il y avait également un véhicule chenillé tout terrain pareil à celui que vous nous aviez décrit et, à l’autre bout de la clairière, les traces noirâtres de quelque chose qu’on avait brûlé, pour le faire disparaître. D’après la forme et les dimensions, ça pouvait très bien être une chaloupe spatiale de débarquement fabriquée en matériaux combustibles de façon à pouvoir la détruire après qu’elle se fut posée.

« Comme d’autre part les deux types abattus par Karyl avaient exactement le type physique des Jiirs, y compris le détail anatomique de la huitième vertèbre cervicale particulière à cette race, aucun doute n’est possible et vous aviez entièrement raison, Aldren. L’Empire autarcique avait envoyé une équipe sur Anésia dans le but évident de s’emparer de l’invention de Waldo… Tout concorde ; nous avons aussi été chercher le corps du ravisseur de Mlle Vancia à l’endroit que vous nous aviez indiqué, c’était également un Jiir. Celui que vous aviez vu dans la cabane du lac et qui avait dû être escamoté ensuite par ses copains faisait sûrement partie du lot. À mon avis, la bande est maintenant complètement éliminée ; elle n’avait certainement qu’une seule base d’action et nous l’avons détruite.

« Mais vous allez me dire que ça ne vous avance pas beaucoup personnellement. Il devient de plus en plus évident que Waldo est mort, l’un des Jiirs a dû tenter de le faire parler sans réussir, le tuer au cours de la bagarre et ensuite faire sauter le laboratoire pour effacer les traces. Ils se sont rabattus sur Vancia en croyant qu’elle savait quelque chose et ç’a été leur dernière erreur. De là à penser qu’ils s’étaient aussi emparé de Max Jensen au début et que celui-ci a préféré mourir plutôt que parler, c’est à craindre… Pardonnez-moi, mademoiselle, mais je ne vois guère d’autre explication puisque votre frère continue à ne pas donner signe de vie alors qu’il aurait pu le faire sans danger depuis au moins deux jours. »

— Max est vivant, parfaitement vivant ! coupa Aldren. J’en suis désormais certain et je ne m’appuie pas sur une simple intuition comme Vancia. Je pourrais même vous dire où il se trouve présentement.

— Vous parlez sérieusement ? D’où vous vient cette certitude ? Vous n’avez pas bougé d’ici depuis votre retour du chalet du lac ! Il vous a envoyé un message ?

— C’est un peu ça… Écoutez, Nils, je vais vous faire une proposition honnête. Karyl sortira de l’hôpital après-demain, n’est-ce pas ? Je vous invite tous les deux à prendre le thé dans cette villa. Si tout se passe comme je le prévois, le mystère sera définitivement éclairci…